C’est à l’occasion d’une interview où la journaliste me demandait de définir mon activité que j’ai réalisé à quel point l’interprétation patrimoniale avait marqué ma manière de voir les choses et de les exprimer.
Lors de ma dernière année d’étude, j’ai été passionnée par la découverte du concept de l’interprétation patrimoniale étendue à la technique muséographique, que ce soit dans le cadre de centres d’interprétation mais surtout d’expositions. Théorisée en 1957 par Freeman Tilden dans son ouvrage Interpreting our Heritage, cette doctrine anglo-saxonne est initialement liée à la visite des parcs nationaux américains encadrés par des guides spécialisés afin de mieux faire appréhender un patrimoine naturel ou historique aux visiteurs. Le postulat de Tilden est donc le suivant : la seule contemplation ou l’information scientifique ne peut conduire à la compréhension d’un lieu et à la satisfaction des attentes de ses visiteurs. Il faut un guide, un traducteur, un interprète pour révéler le sens caché de ce qui est immédiatement visible. L’interprétation vise à impliquer le visiteur par l’expérience et l’émotion pour que ce dernier comprenne, apprécie et s’implique dans la protection ce qui est interprété.
L’exemple donné par Marie-Odile De Bary dans son Manuel de muséographie m’est resté : un couteau. Une exposition autour du thème du couteau ?!… L’interprétation permet d’aborder cet objet sous ses différents usages, de le replacer dans un contexte historique et culturel, de travailler sur les matières qui le constitue… Un article consacré à l’interprétation prend pour exemple le thème de l’eau : là où une approche traditionnelle mettrait en avant cet élément sous son aspect scientifique ou environnemental, l’interprétation étendra la réflexion à la représentation de l’eau dans l’art, à créer des espaces où le visiteur serait en immersion en le faisait toucher de l’eau afin qu’il prenne conscience de ce contact, en lui faisant écouter de l’eau qui coule ou qui tombe, etc.
Cet exemple illustre quelques uns des principes de l’interprétation :
– toute interprétation qui ne s’appuie pas sur un trait de personnalité ou sur l’expérience du visiteur est inutile
– l’interprétation est une révélation sur des informations
– que le patrimoine soit scientifique, historique ou architectural, son interprétation est un art qui en combine de nombreux autres
– l’interprétation vise à présenter un ensemble plutôt qu’une partie et s’adresse à l’être humain dans sa globalité plutôt qu’à un seul de ses sens
Ni historienne, ni écrivain, j’aime dire que je permets de révéler le quotidien à travers mon approche pluridisciplinaire et ma vision globale. J’applique inconsciemment les principes de Tilden et de l’interprétation patrimoniale lorsque je me penche sur un lieu, une tradition, un savoir-faire et prône l’un des principes de Tilden : le but principal de l’interprétation n’est pas d’instruire mais de provoquer et évoquer la curiosité.
Sources : wikipedia et Agence française pour la biodiversité