Lancée dans l’aventure de « Cueilleuse de mémoires » depuis octobre 2019, la mémoire et surtout les mémoires m’intéressent depuis de nombreuses années : je pense que vous l’avez compris en parcourant ce site…
Déjà au lycée en option « histoires des arts », dans le cadre de « travaux personnels encadrés », j’avais décidé d’associer tous les arts (photographie, peinture, musique, écriture) pour présenter la Bresse et ses traditions, transmises ou non.
Quelques années plus tard, mon engagement associatif m’a permis de collecter divers souvenirs d’habitants de ma commune associés à la mise en valeur d’objets ou de lieux. L’expérience professionnelle autour du travail d’inventaire des objets de collection de l’Écomusée de la Bresse bourguignonne m’a apporté un éclairage nouveau autour de la vie des objets et des mémoires dont ils étaient porteurs. Dans ce cadre, j’ai rédigé de nombreux articles présentant à chaque fois un objet des collections, sa création, ses usages, le resituant dans divers contextes. Ces mini-monographies étaient publiées chaque semaine dans le Journal de Saône-et-Loire et certaines ont intégré l’ouvrage La Bresse bourguignonne en 2013.
Auparavant, étudiante, j’ai orienté mes travaux de dernière année en Master 2 professionnel « Métiers des arts et de la culture, option muséologie » sur la place de la mémoire au sein des musées :
« Je me souviens… Le souvenir, et à travers lui la mémoire, chacun en est possesseur et dépositaire, qu’elle soit individuelle, collective ou sociale. Mémoire des hommes, elle peut aussi être mémoire des lieux, mémoire des objets : en ce sens, la mémoire est multiple et son approche se fait au pluriel : les mémoires.
Devant l’étendue et l’immatérialité de l’objet qu’est la mémoire, les institutions muséales expérimentent des tentatives muséographiques, élaborent des scénarios scénographiques afin de la matérialiser.
Mais cette mémoire est multiple : comment d’une mémoire particulière élaborer un discours général ? Quelle position adopter devant l’évidente malléabilité du souvenir ? Autant de questions que les hommes de musée doivent se poser avant même de se demander comment exposer l’inexposable – la mémoire, les mémoires – alors que le musée est compris par tous comme étant le conservatoire des mémoires par excellence et avant tout, celles d’objets porteurs de sens mais aussi doués d’une mémoire intrinsèque participant à sa sacralisation.
Jusqu’où aller dans le récolement et l’exposition de la mémoire lorsqu’elle est humaine : les souvenirs ne se conservent pas dans du formol, leurs détenteurs non plus, mais pourtant ce sont bien les véritables « objets » de cette mémoire. Et si, finalement, par la singularité de notre mémoire, nous étions tous à mettre aux musées ou étions tous nous-mêmes des musées ? Le musée est-il le lieu approprié de cette conservation et de cette mise en mémoire ? La muséographie, science et pratique de la mise en valeur et en sens d’expôts, est-elle le moyen le plus approprié d’entretenir ces mémoires humaines mises aux musées ? »